Au Tchad, du Pétrole Bucket Challenge

29 août 2014

Au Tchad, du Pétrole Bucket Challenge

Un homme relevant le défi Cc commons.wikimedia.org
Un homme relevant le défi
Cc :commons.wikimedia.org

 

Pour être né et grandi dans une des régions les pauvres de la planète, mais aussi chaude et aride. Une région qui sème l’harmattan, récolte des tempêtes de sable, en proie à la sècheresse et à une désertification qui connait une progression inexorable, en bon sahélien je ne doute point de la valeur qu’a l’eau pour la population dans cette zone. Au Sahel, on a appris à vivre avec l’essentiel. Ici, la vie des hommes et de leurs bêtes dépend des points d’eau disponibles. La quantité d’eau principalement peu importe la qualité.

Il y a de cela quelques jours, je tombais sur un drôle de jeux devenu une campagne virale sur les réseaux sociaux : le ALS IceBucket Challenge. Au départ, notamment suite à la participation de Mark Zuckerberg, Bill Gates ou Larry Page je me suis dit : tiens, encore un jeu de bourgeois. Le principe consiste au geste de renverser ou se faire renverser un sceau d’eau glacée sur la tête. Ensuite, lancer le défi en invitant un ou plusieurs amis à reproduire le geste. A défaut de se prêter à ce jeu, la personne doit faire un don à une association caritative

Au fur et à mesure les vidéos de ce jeu de défi pour la bonne cause nourrissent les réseaux sociaux et s’exportent à travers le monde entier. Des hommes politiques, et particuliers se sont mis au défi. Et on ne compte plus les acteurs, pop stars, ou reines de la mode trempés. Ou peut-être même F.Hollande avec son discours sous la pluie. Qui sait.

Alors, ce qui était un jeu avec un objectif caritatif est devenu le phénomène viral le plus important de cet été. Et comme souvent dans ces genres d’exercices, le buzz a provoqué plusieurs faits divers. Par exemple, le challenge a mal tourné pour quatre pompiers aidant des étudiants à réaliser un Ice Bucket Challenge en les arrosant d’eau sur un terrain de sport de l’université aux Etats-Unis. Ou encore le défi démesuré de ce Belge qui se trouve actuellement dans le coma après avoir été assommé par 1500 litres d’eau à partir d’un hydravion.

Donnez d’eau, au lieu de gaspiller

Alors, ceci a titillé ma curiosité. J’ai donc regardé sur internet une dizaine de vidéos du fameux jeu. C’est là que mes souvenirs d’enfant du Sahel me précisent exactement que le jeu a pris un tournant diffèrent. Déjà, je ne suis pas un fan de ces genres de jeux à défi. Ensuite,on peut se poser la question : combien de litres d’eau de surcroit potables (et même glacés !) ont été gaspillés ?

L’eau peut être précieuse dans certains endroits du globe. Pour avoir vu comment les enfants parcouraient de dizaines de kilomètres pour trouver un puit, l’effort, la souffrance et le courage pour puiser, les éleveurs qui doivent parcourir des kilomètres dans le sable pour faire paître leurs troupeaux, tout le monde n’a pas cette chance de faire du Ice Bucket Challence .

Une journaliste indienne a ainsi décidé de reprendre le concept en l’adaptant à la réalité locale qu’elle a appelé le Rice Bucket Challenge. Au lieu de se mouiller avec l’eau glacée, plutôt donner du riz à une personne qui en a besoin. Les palestiniens de Gaza qui viennent de sortir de 50 jours d’une guerre meurtrière n’ont ni eau ni riz. Alors ils ont créé le Rubble Bucket Challenge. Il ne reste que les gravats de leurs maisons détruites qu’ils se versent sur la tête en s’adaptant au concept. Pas très drôle.

En Afrique, une douche contre Ebola

En Afrique, la blogeuse ivoirienne Edith Brou a initié le #MousserContreEbola. Dans cette version, il s’agit de se renverser un seau d’eau mousseuse sur la tête. Une manière de rappeler que la lutte contre le virus Ebola passe d’abord par une bonne hygiène corporelle.


 Au Tchad, de la nourriture contre le pétrole. 

 

Je pense qu’il est plus utile de nourrir les gens et leurs donner à boire, avant de se verser l’eau sur la tête. Dans ce pays producteur du pétrole, mais un des plus pauvres de la planète, et dont la capitale est classée comme étant la deuxième ville la plus chère du monde, on ne peut parler de Ice Bucket Challenge. Ici, les gens cherchent à manger à leur faim, à boire pour leur soif. De toutes les façons, on ne peut se permettre le luxe de verser l’eau glacée sur la tête avec ce 40 degré sous l’ombre. Une bouteille d’eau coûte plus chère qu’un litre d’essence. Alors si on devrait s’y mettre, ça sera naturellement du Pétrole Bucket Challence, en partant du fait qu’on a n’a ni eau ni riz en quantité pour en faire un jeu avec. Vu qu’on ne peut pas boire le pétrole, et que tout le monde ne dispose pas de 4×4 pour y mettre le Gasoil, on ne peut  s’amuser qu’avec ça. Mais attention le pétrole lui est inflammable. Alors, dans cette version, (ma) règle consiste en ce que l’initiateur lance le défi directement à deux personnes de préférence impliquées dans la gestion des revenus pétroliers à se verser un seau de pétrole sur la tête. Pour commencer, je lance le défi à nos deux bourgeois nationaux : le PR et son PM. En l’adaptant au concept du jeu, à défaut de relever le défi, la personne doit offrir à 5 millions de personnes d’eau potable. Peu importe le nombre, pourvue qu’il y ait d’eau en quantité et qualité aux quelques 10 millions de tchadiens.

Allez, je vous laisse ma dose de challenge pour la journée, le mois ou quelques années (choisissez la proposition que vous préférez).

J’me tire

 

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