Adieu N’Gueli

28 juin 2013

Adieu N’Gueli

Scène de désolationimage mact-chad
Scène de désolation
(image mact-chad)

Que dire de plus, ‘’Sauvez ce qui peut l’être de vos maisons, il y aura casse’’. Ni plus ni moins, c’est ce que  les habitants de N’Gueli ont eu comme préavis  pour débarrasser la zone. Le déguerpissement du quartier N’Gueli, frontalier avec la ville camerounaise de Kouseri a surpris plus d’un tchadien. Depuis quelques années, on est habitué dans la capitale tchadienne aux déguerpissements mais pas d’une manière aussi rapide que  désolante vu le moment choisi : en pleine saison pluvieuse.

Depuis 2008, le déguerpissement pèse comme une sorte d’épée de Damoclès sur les n’djamenois. On peut se lever un beau jour et déclarer une zone réserve de l’Etat et sans un préavis acceptable. Je me rappelle, et d’ailleurs comme la plupart des n’djamenois, qu’en 2008  le maire de l’époque a bravé le sursis prononcé par un juge et  a osé « passer à l’acte ». Rien de plus étonnant que de voir des personnes  disposants même du titre foncier jetés dans la rue.

En 2013, ce sont les habitants de N’Gueli qui sont réveillés en ce vendredi 21 juin par les vrombissements de Caterpillar et autres bulldozers. Complètement ahuris, les habitants de ce quartier du IXème arrondissement de N’Djamena ont vécu un vendredi noir. Quadrillés par des véhicules bourrés de gendarmes et de gardes nomades armées jusqu’aux dents appuyés par des citernes à eau chaudes dissuasives, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Cette opération que je peux qualifier d’un « ras du sol »  s’ajoute à tant d’autre qui ont mis dans la rue des familles entière. Sans délai, ni grand bruit, sinon de bouche à oreille les habitants ont été contraint de vider le lieu. La présence massive des forces de l’ordre a donné un coup d’accélérateur à l’opération. Les carrés du quartier qui s’étalent de la gauche de la mairie du 9ème arrondissement longeant le fleuve Chari jusqu’à l’entré du pont séparant le  Cameroun et le Tchad, ne ressemblent plus qu’à un tas d’immondices. Désolant, frustrant. A chaque coup de massue de ces gigantesques machines qui écroulent un mur, coulent également les larmes des pleurs des femmes et enfants impuissants à ce désastre.

C’est tout simplement inhumain. Comment je peux comprendre que des pauvres citoyens soient ainsi  jetés dans la rue en pleine saison de pluie et sans aucun remord ?

 

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