Moins bavard, peinard, intellectuel tchadien héros national
Quand un universitaire pond un point de presse kilométrique, presque la taille d’une monographie et brandit son « large » doctorat pour justifier qu’il n’est pas un pseudo intellectuel 8 mois après que l’on ait remis en cause ce titre, cela parait cocasse. Mais au fond, c’est le rôle des intellectuels dans l’essor du Tchad qui se pose avec acuité.
Du 15 au 23 juillet N’Djamena, a accueilli la 35e session des Comités Consultatifs Interafricain(CCI) du prestigieux Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement du Supérieur (CAMES). La capitale tchadienne est devenue la capitale de l’intelligentsia africaine. C’est tout le gotha intellectuel africain qui a fait le déplacement du pays de Toumai. Occasion pour moi de penser à cette élite. C’est vrai, avec mon niveau d’étudiant, je ne peux targuer de dresser une analyse synthétique de ces gens qui ont fait en partie de moi ce que je suis. Mais, je me permets tout de même de faire un constat sur l’apport des intellectuels tchadiens dans un pays où le taux d’analphabétisme reste très élevé et où le niveau de ses élèves et étudiants est à revoir.
Qu’est ce qu’être un intellectuel au Tchad ?
En évoquant la ville espagnole de Valence au Moyen-Âge, G.Cassanova n’est pas du tout tendre : « Le logement est mauvais, de même que la nourriture (…). On ne peut même pas raisonner. Parce que malgré l’université, on n’y trouve pas un seul individu que l’on puisse raisonnablement appeler homme de lettres. »
On croirait que l’auteur décrit le Tchad d’aujourd’hui où les intellectuels, bon je crois supposés tels font défaut ou du moins ne songent pas à nourrir les esprits. De part ma vision des choses, dans un pays majoritairement analphabète, les intellectuels constituent la crème. C’est à eux qu’incombe l’animation des débats où devraient jaillir la lumière pour éclairer la masse. Ces messieurs devraient s’illustrer par leurs contributions à la réflexion à travers des écrits dans leurs domaines respectifs. Je le souhaite fort. Mais dans une société exhibitionniste où l’homme est jugé par rapport à la grosseur de sa voiture, où les fils à papa présentent leurs chaussures sur les pistes de dance pour se valoriser, d’où est-il venu l’idée de contrôler les diplômes ? Si en serait le cas, je douterais fort de certains. Des gens biens connus qui n’ont jamais franchis le seuil d’une université prétendent être des diplômés et osent en faire étalage.
Je reviens sur l’histoire de cet universitaire qui brandit comme un trophée son diplôme de doctorat quelques mois après que l’ont ait remis en cause ce titre. Je m’excuse mais il ne peut être d’accord avec moi. Il conviendrait que la meilleure preuve qu’il n’y a jamais eu usurpation de titre dans ce cas, était de produire un ouvrage relatif à sa spécialité. Cet incident a le mérite d’attirer l’attention sur cette propension nouvelle de course aux diplômes. Autant sinon plus que des vrais faux diplômes circulent dans ce pays. Des individus incapables de raisonner se revendiquent intellectuels et osent prendre la parole en public pour faire de leur états d’âmes.
Des chercheurs qui cherchent, on en trouve des chercheurs qui trouvent on en cherche !
Mon constat démontre aussi qu’il existe des intellectuels séducteurs. Ceux-ci aussi rarement qu’ils écrivent, si ce sont des fiches pour faire les yeux doux aux hautes autorités. Versés dans la politique du ventre, ils ont oubliés tout ce qu’ils ont appris durant leur cursus académique. Ils ont une seule idée en tête : tout faire pour plaire au pouvoir, pour avoir un décret qui fera d’eux des « hommes respectés » Les connaissances acquises deviennent obsolètes, car ne permettent que d’avoir des miettes. La réflexion ne nourrit pas son homme qui meurt à petit feu des soucis financiers, et vit dans un taudis. Alors adieu théories, méthodologies et autres vocables chers aux chercheurs. Seul compte : « la real politics ». C’est-à-dire qui s’accommode pour être repéré et positionné. Ce n’est pas bête. Bon, c’est mieux que d’avoir des idées qui ne nourrissent pas son homme mais le condamnent à l’indigence totale. Fort heureusement que même si les moutons se promènent ensembles, ils n’ont pas le même prix.
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