«Welcome to New York», un film avant tout

23 mai 2014

«Welcome to New York», un film avant tout

La fonction de l’art n’est-elle pas de nous proposer une version inédite de la vie. Quitte à choquer, quitte à blesser, quitte à en tronquer des aspects véritables. Welcome to New york, le film d’Abel Ferrara, porté par Gérard Depardieu et Jacqueline Bisset, est un long métrage, librement inspiré de l’affaire DSK. Selon le producteur du film Vincent Maraval, 48 000 séances du film ont été vendues en VOD dimanche 18 mai 2014, dès le lendemain de sa mise en ligne. Difficile de jauger la valeur de cette information, le choix de diffuser le film directement en VOD restant inédit. Les médias relayent depuis plusieurs semaines déjà la sortie du film d’Abel Ferrara. Comme prévu, sa projection à Cannes, samedi soir en marge de la compétition officielle, a largement alimenté les discussions.

Au poker, quand on n’a rien dans son jeu, on bluffe. C’est exactement ce qui s’est passé avec Welcome to New York. Depuis plusieurs semaines, ce brûlot ferait en coulisse l’objet de pressions insupportables de la part de l’entourage de l’ex-patron du FMI (Fonds monétaire international) déchu de ses mandats après l’accusation de viol de Nafissatou Diallo, femme de chambre du Sofitel à New York. D’abord je vois le projet du film difficilement réalisable. Chercher des financements avec un sujet (l’affaire DSK), l’argent n’a pas coulé de source, les chaînes se sont pincé le nez en se disant qu’elles auraient bien du mal à diffuser un soft-porn vaguement arty criblé de procédures de justice pour diffamation et atteinte à la vie privée.

Du commentaire banal au jeu de mots graveleux, les spectateurs de Welcome to New York s’en donnent à cœur joie.

   

Le film est violemment critiqué par les médias français qui  le jugent  « malsain « ,  Nicolas Bedos lâche tout simplement : «  Welcome to New York, c’est le film le plus con de l’année ! La forme ? Pauvre, moche, plate, lente. Un film sur le cul qui ne fait jamais bander. «  Je pense que ce n’est pas le film qui est dégueulasse, mais bien le comportement de DSK, tout le monde l’aura bien compris. On ne fait pas forcément un bon film avec un bon sujet, c’est vrai. Mais je dirais qu’il faut voir le film comme un ‘objet film ‘. Il semble  échapper que ce film n’est ni un documentaire ni une enquête journalistique…


Il faut pas regarder ce film comme s’il s’agissait d’un reportage.  Et je pense que c’est là est la vrai intention du réalisateur: surfer sur le goût des gens pour aller voir du sordide et en quelque sorte, leur donner en pâture quelques figures d’une société occidentale. L’ambiance lourde et nauséabonde du film est tout simplement celle qui ressort de cette affaire

PS : merci de ne pas lire dans mes propos une quelconque défense de DSK.

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Commentaires

Serge
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Bravo pour cet article. je n'avais plus lu de critique ici depuis "Grisgris"... intéressant !
Malheureusement, en France, bcp de personnalité sont protégés par les médias. et même , certains réalisateurs aussi, le cas de "Timbuktu"... difficile de comprendre la démarche des médias français, pas toujours très cohérents

Abdallah Azibert
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Merci Serge. C'est ce qui fait l'objet de ma critique. La personnalité erratique et pour le moins limite, du personnage principal ne pouvait entrainer autre chose. On ne peut pas reprocher à Ferrara son esthétique minimaliste et son souci du réel. Que cela contrarie certains est une longue histoire.