Les trois femmes de la maison

Article : Les trois femmes de la maison
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18 novembre 2012

Les trois femmes de la maison

vendeuses de bili
source; notre temps, over-blog

Je perdrais mes ailes en plein vol en retraçant le parcours de ces diplômés chômeurs non je veux dire des diplômés qui ont abandonné l’école ou que l’école les a abandonné je ne sais pas. Pas seulement qu’ils remplissent la ville  mais que chacun a un itinéraire si différent des autres. Le drôle de parcours de celui-ci est si atypique qu’il me laisse assez perplexe. G.Boitout a un curriculum vitae très simplifié : 33 ans ; étudiant en première année de droit ; reprend la première année pour la onzième fois ; régime spécial non boursier ; langues parlées : Français, Arabe local et plusieurs argots ; loisirs : animateur dans les cabarets de bili-bili et suites ; sport préféré : « allumage » des femmes « prepareuses » des boissons locales.

Cette année, G.B suit de moins en moins ses cours à la faculté. Après 11 ans en première où il a eu près de sept professeurs différents dans les mêmes matières, il estime qu’il maitrise entièrement tous les programmes de droits civil et constitutionnel. Par ailleurs, notre juriste d’expert a de gros problèmes financiers, les autorités de l’université n’accordant les bourses d’études qu’à partir de la deuxième année, il n’y a pas de bourses d’ancienneté pour les vétérans de la première année.

Chaque jours, dès cinq heures du matin, G.B met sa cravate, se présente au cabaret, aide la « prepareuse » de bili à laver les calebasses et arranger les bancs. En récompense, il reçoit une bonne dose de boisson et un plat de soupe d’oseille au poisson fumé à l’arome maggi de vache folle épicé. Ensuite, il raconte des histoires qui amusent et maintiennent les clients jusqu’à la fin de la vente. Et souvent, il tombe sur des femmes naïves qui passent par chez lui avant de rentrer. Et c’est ce qui va lui causer d’autres ennuis. Ce soir là, de retour de ses loisirs, il trouve devant sa chambre trois femmes avec chacune un petit sac contenant quelques habits à côté. Après quelques renseignements, G.B apprend que ces trois anciennes « allumeuses » sont enceintes renvoyées chez lui par leurs parents (malheureuse hasard!). Or, la chambre qu’il loue contient à peine son lit d’une place et sa natte. Ne pouvant faire autrement, il les accueille mais leur prévient : «  dans la journée, chacun se débrouille pour manger et on va se retrouver ici la nuit pour dormir.»

Seulement, il faut trouver une stratégie pour se débarrasser de ses visiteuses devenues encombrantes, surtout qu’il ne peut  « sauter » aucune devant les autres. Il choisit donc la plus  vilaine à qui il n’adresse pas du tout la parole  au bout d’un mois. Celle-ci se décourage et quitte la maison pour s’installer chez l’un de ses parents. Il répète l’opération avec la seconde qui s’en va à son tour. Enfin, il abandonne la chambre à la dernière pour aller vivre chez son propre oncle à Amtoukougne  à l’autre bout de la ville.

 

 

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Commentaires

Ahmat Netcho
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Quelle salade de destin?

Abdallah Azibert
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Ce n'est que la partie visible de l'iceberg mon frère.