Abdallah Azibert

Halte à la grève qui crève

L’hôpital général de référence nationale pendant la grève
image: tchad24

La grève sèche, une forme de grève dont les tchadiens doivent désormais s’y habituer. Après une trêve d’un mois obtenu grâce à la médiation religieuse, la grève a repris depuis ce lundi 22 octobre. La médiation s’est en effet soldée par un échec. Trois jours de grève sèche par semaine, et de quoi provoquer les lamentations, les peines et la colère d’une population déjà fragilisée par les inondations, la malnutrition et autres fléaux. Au centre de cette affaire, le bras de fer entre l’UST et le gouvernement concernant la revalorisation de salaire de quelques 80 OOO fonctionnaires tchadiens. L’UST réclame l’application de l’accord signé avec le gouvernement sur l’augmentation des salaires à hauteur de 115% et sur une durée de trois ans. Un an après, le gouvernement revient sur sa position et juge impossible cette revalorisation vue la situation économique du pays. Motif rejeté par l’UST qui juge que le gouvernement dispose largement des moyens pour une augmentation de salaire et rejette toute idée de referendum soulevée par le chef de l’Etat. Conséquences: c’est toujours ce qu’on appelle le bas peuple qui paye le pot cassé. Je parle de cette majorité de tchadiens qui n’a ni un salaire, ni un revenu fixe. Cette majorité qui ne fait pas la différence entre petit déjeuner, déjeuner et diner, mais qui cherche juste de quoi mettre entre les dents. Cette majorité qui  cherche un abri, ni une maison en brique cuite, ni une maison en matériaux durable. Cette majorité qu’on pousse et repousse au fur et à mesure que sa zone s’urbanise augmentant ainsi éternellement sa précarité. Je parle de ces malades abandonnés dans des hôpitaux gardant un œil sur quand s’arrêtera  cette grève et un autre sur l’ange le plus redouté. Je parle de ces familles qui ont perdu des proches tout simplement parce que ne disposant pas des revenus leurs permettant  de payer les frais d’une clinique. Quel est ce gouvernement qui regarde sa population mourir à petit feu sans réagir ? Oui ces gens croient que tout va bien. Non ils rêvent. Ils pensent que toute la population vit comme eux. Ils sont prêts à payer les cliniques les plus chères pour leur enfant qui souffre de rhume et sont capable d’une évacuation sanitaire pour une épouse qui a un manque d’appétit. Pour l’heure, une question est sur toutes les lèvres : quand s’arrêtera ce calvaire ? Une chose est sure, une solution d’urgence est nécessaire vu les tourments que cette grève endure à la population. Gouvernement et syndicalistes sont priés par toute une population pour une solution au préalable. Une promesse reste une promesse même un siècle après. A bon lecteur salut.


C’est la vie qui va avec

Tu veux une bombe de meuf, faut la tranche qui va avec, le gros frère qui va avec   Tu voulais un son lourd, bah tu a la voix qui va avec. Regarde Sénégal France y a 1-0 qui va avec. Ya plus de zéro dans nos bulletins que sur nos chèques. Et lorsque  j’ajoutais, quand tu entends dopage sophistiqué, y a Lance Armstrong qui va avec. Non Sefyu a sa manière de voir les choses. Moi je veux parler d’une tout autre chose, la réalité du pays de Toumai oui et c’est de ce pays dont je voulais vous parler.
Quand tu vois le Tchad, ya la misère qui va avec
Je crains pour toutes ces familles regroupées au bord du goudron. C’est tout de même incroyable de voir des personnes vivre au bord du goudron. Mais là au moins l’eau ne peut pas les atteindre. Oui c’est parce qu’ils ont perdu tout que ces familles n’ont pas d’autre choix que de se réfugier au bord du goudron. Je parle de ces enfants qui me réveillent chaque matin au rythme de chan’allah. Envoyé par leurs marabouts, ces gosses font le porte à porte chaque matin midi et soir, juste pour étouffer leurs faims. La plupart viennent du village et sont confié à un marabout. Et compter sur la charité des croyants parait être leur seul espoir. Euh la misère qui va avec à la vue de ces gens qui te colle dessus dès l’entrée au marché. Fallait bien te renseigner si tu es un profane, à force de se quereller, c’est de quelques  jetons qu’ils en ont besoin. Des mendiants y a en assez et on peut même les classer par catégorie, mais ce ne sont pas les seuls à tirer le diable par la queue. Charles, le voisin enseignant a tout simplement décidé avec sa famille de ne manger que deux fois par jour. Judith, la commerçante du rond point de pigeon a préféré rentrer avec ses six enfants au village. Et je comprends pour quelle raison Idriss, le don juan  a vendu sa maison. Non je vois déjà pourquoi Paul a fuit son foyer. Où sont parti les trois  autres femmes de Hamza, l’ostentatoire polygame du quartier ? Il a tout à fait raison Serge, l’étudiant non bousier de devenir clandomen.
Quand tu entends UST, c’est la grève qui va avec 
Syndicat, gouvernement, on dirait qu’ils sont faits pour ne jamais s’entendre. Les syndicalistes,  c’est  des gens difficile par leur nature. Non je veux dire  tout simplement qu’ils agissent sous l’influence de la base. Les assemblées générales  tenues  sous un soleil de plomb donnent l’occasion  d’exprimer toutes les revendications qu’ils ressentent en eux. Et à chaque sortie médiatique des leadeurs, c’est toujours un préavis de grève en filigrane. Le gouvernement lui, a une réponse devenu classique : « les caisses de l’Etat sont vides ». Paradoxe au regard du budget qui augmente d’année en année grâce à la « manne » pétrolière. Normal que les fonctionnaires réclament leur parts de gâteau quand le pourcentage réservé aux générations futures sont supprimés. Sachant que leurs enfants ne vont pas toucher à l’argent qui leurs a été consacré, alors vaut mieux maintenant ou jamais. Je parle en tant que tchadien. Oui et actuellement il ne faut surtout pas être expatrié pour parler des revenus pétroliers de surcroit un prêtre catholique, pour la bonne raison que revenus pétroliers, prêtre expatrié ne va pas avec.
Et quand tu vois pétition, y a la justice qui va avec
Il n’est pas bon de faire circuler une pétition en cette période. Difficile de signer une pétition ou même d’en reprendre dans un journal sans être inquiéter par la justice. Surtout quand il s’agit de critiquer le pouvoir. Le journaliste de N’djamena Bi-hebdo en a payé les frais. Il a fait une « erreur » en reprenant à l’intérieur de son journal une pétition critique des syndicalistes. Et quand est-il de ce jeune homme qui s’est éclaté de rire juste après l’énoncé du verdict ? Oui ce n’est pas aussi conseiller de rire après un verdict. Cet acte lui a valu six mois de prison pour outrage à un magistrat. Et quand tu vois le journal des journaux, y a la censure qui va avec. Regarde RSF au palais de justice, c’est journaliste incarcéré  qui va avec.
Et si la vie ne va pas avec
Je me demande pourquoi quand tu entends nord-Mali y a le Tchad qui ne va pas avec. Oui et le Tchad ne veut pas voir ses soldats au Mali. Le problème malien concerne en premier lieu d’abord la CEDEAO. C’est une façon de ne pas s’impliquer dans cette difficile question. Le terrorisme puisque c’est de lui qu’il s’agit est une affaire très complexe et envoyer ses soldats équivaut à une déclaration de guerre pour les djihadistes. Ces gens sont bizarres. Ils sont prêts  à tout pour «le paradis ». Après l’Azawadistan, le Tchad craint-il un jour le Tibestistan ? Et je me demande pourquoi au sommet de Kinshasa, Deby ne va pas avec ? Les relations ne sont pas au bon fixe entre N’Djamena et Paris non pas seulement entre N’Djamena et Paris mais entre Paris et bon nombre de capitale africaine. Et c’est l’Afrique centrale qui est surtout indexé mais sur ce point, le vous laisse deviner le pourquoi. Et dire que si tu regarde F.Hollande, y a la françeafrique qui va avec ?


Tchad: la difficile cohabitation arabophone francophone

S’il devra exister une nation à qui la diversité linguistique ne constitue pas une richesse culturelle mais une entrave à sa cohésion nationale, la Belgique ne sera la seule. Le Tchad, Etat bilingue et qui a été une colonie française a hérité en plus du français, une autre langue qui était déjà assez propagé bien avant l’arrivé des colons qui est l’arabe. Cette langue s’est propagé dans la région grâce à la progression de l’islam et notamment au commerce exercé par des anciens royaumes avec l’orient.

Mais une chose est sure, le cas belge ne peut être comparé à celui du Tchad, où il n’existe pas de région arabophone ou francophone contrairement au cas belge où la Wallonie revendique son identité francophone et la Flandre qui se veut être de culture néerlandaise. Le cas tchadien reflète cependant un sérieux problème de cohabitions entre les principales entités linguistique du pays.  Ma cousine qui est arabophone ne cesse de me dire que le français est la langue des blancs et l’arabe, celle du coran.

Il a faillit avoir dans une même salle francophones et arabophones lors de l’examen final pour s’en apercevoir. L’administration de l’école a en fait délibérément mélangé les étudiants pour éviter la communication entre étudiants de même filière. Le hasard a voulu que la moitié de la salle soit composé  d’arabophone. Quel drôle de coïncidence. C’est le saut du surveillant général dans la salle qui bouleversa  l’atmosphère jusqu’à là détendu  en déclarant : « aucun document n’est permit ».  A cet instant, Ahmad mon voisin se leva avec l’air d’un petit caïd (mot d’origine arabe d’ailleurs) puis demanda en arabe au surveillant de traduire ce qu’il vient de dire, tout en laissant derrière lui  quelques murmures. Silence de cimetière quand soudain lança  Noura, fille timide le visage couvert de voile noir à la new look de Diam’s « il a intérêt à parler l’arabe puisque c’est avec cette langue qu’il sera interroger après sa mort »    Ahmad, mon voisin, est un étudiant de première année très bavard. Il n’a cessé de me parler depuis qu’on est en salle. Le surveillant dépassé fait un effort en arabe et lui demanda de se taire. D’effort en effort, le jeune homme répondu « non lui ce bilinguiste » faisant allusion à moi et laissant une fois de plus la salle dans un rire fou. Et le surveillant de lui lancer un clash « pas mal Senghor ». Ahmad se tape une folle colère et jure par tous les dieux que le surveillant francophone l’avait insulté. Il aura faillit attirer l’attention des surveillants des salles voisines pour apaiser la tension. Ce qui s’est passé dans la salle reflète l’autre triste réalité que vivent les fonctionnaires tchadiens. Un petit tour dans l’administration suffit de faire ce constat : les fonctionnaires arabophones et francophones se regardent avec une certaine méfiance  assez naïve. Certains arabophones à travers leurs habillements à l’orientale sont facilement identifiables on dirait une revendication identitaire. Pire paradoxe dans ce pays où dans une même famille il peut y avoir arabophone, francophone et bilingue vivant sous un même toit.


Bonne chance!

 Bonne chance !
La rentrée scolaire, ce terme moche me fait créer des soucis chaque fin d’été. C’est dans quelques jours que la plupart des élèves tchadiens, reprendront le chemin de l’école. Les préparatifs vont bon train. Sauf que cette année, la rentrée est fixée pour le 15 octobre. Une rentrée qui a été décalé de deux semaines a cause du baccalauréat. Oui il y aura un bac session d’octobre 2012. Une première dans ce pays. Pour être plus claire, il sera organisé deux bacs pour une année scolaire. La première session a eu lieu au mois de juin et les résultats avaient été mêmes publiés. Et parmi les heureux lauréats, figure un certain Aziz. Lui c’est grand frère il est de trois ans mon ainé. Je vous jure que ce n’est en aucun cas une sorte de moquerie, mais Aziz peut s’en foutre du bac, puisqu’il  a déjà sa « licence ». Oui il a sa licence en terminale Euh, j’allais dire qu’il a raté trois fois le bac. En réalité, le cas d’Aziz n’est qu’une  partie visible de l’iceberg. Des licenciés, des maitrisards voire même des docteurs (je n’exagère rien) en terminale, il en existe assez fréquemment dans ce pays. Et pour savourer cette sacrée victoire d’Aziz, un f’tour fut même organisé en l’honneur du désormais bachelier, puisqu’en ce moment de joie, nous étions en plein ramadan, et le bac c’est aussi une affaire familiale. Lui, était si fier qu’il a du  oublié ses trois années de galère. Tout a changé quand cet après midi du mois de juillet, le premier ministre déclare à la radio nationale l’annulation des résultats du bac, et l’arrestation du ministre de l’enseignement supérieur, ainsi que le président du jury du bac, et que des nouveaux résultats seront publiés dans un bref délai. Motif du P.M, le jury aurait pris des candidats qui n’avaient pas obtenu la moyenne supérieure ou égale a dix. Motif que beaucoup ont eut du mal à croire y compris moi et c’est peut être du à cette sacrée « victoire »et dont personne n’avait imaginé qu’elle serait de courte durée. C’était  la stupéfaction et la colère au sein de la famille. Les injures et les critiques pleuvent alors sur le P.M mais ceci n’est pas la solution et les esprits sont alors tournés vers les prochains résultats. Arriva le jour des nouveaux résultats  il est 21h 30mn quand la radio nationale annonça la liste des admis. C’est vers 22h 20 mn qu’arriva le tour de la série de notre « licencié ». Le journaliste commence : « liste des candidats admis d’office centre de N’djamena, série  G2 ». Il termine avec la liste des candidats dont le nom commence par A, et il ya pas de Abdelaziz. Oui on a tous eu du mal à le croire. C’est fini il vient de « raté » son bac, il vient de décrocher sa « «maitrise ».Il reçoit quelques timides sms durant la nuit avec un mot qui  revient toujours ‘du courage’. En réalité, il a une seconde chance pour octobre, où il va essayer de perdre le grade de « maitrisard » qui plane sur sa tête. On est à quelques jours du deuxième bac de l’année scolaire, bac que certains l’on surnommé « bac Nadingar » du nom du P.M, et qui est  prévu pour le 02 octobre, mais déjà Aziz et sa suite son impatient d’affronter les épreuves. La famille, les voisins et ses amis lui souhaitent bonne chance. Un souhait inhabituel, on dirait que son ultime chance. On est passé alors du ‘du courage’ à ‘bonne chance’.     Et pendant que les bonnes chances continuent de pleuvoir,  pour l’heure et à mon tour, je lui souhaite bonne chance grand frère !