Abdallah Azibert

Adieu N’Gueli

Scène de désolationimage mact-chad
Scène de désolation
(image mact-chad)

Que dire de plus, ‘’Sauvez ce qui peut l’être de vos maisons, il y aura casse’’. Ni plus ni moins, c’est ce que  les habitants de N’Gueli ont eu comme préavis  pour débarrasser la zone. Le déguerpissement du quartier N’Gueli, frontalier avec la ville camerounaise de Kouseri a surpris plus d’un tchadien. Depuis quelques années, on est habitué dans la capitale tchadienne aux déguerpissements mais pas d’une manière aussi rapide que  désolante vu le moment choisi : en pleine saison pluvieuse.

Depuis 2008, le déguerpissement pèse comme une sorte d’épée de Damoclès sur les n’djamenois. On peut se lever un beau jour et déclarer une zone réserve de l’Etat et sans un préavis acceptable. Je me rappelle, et d’ailleurs comme la plupart des n’djamenois, qu’en 2008  le maire de l’époque a bravé le sursis prononcé par un juge et  a osé « passer à l’acte ». Rien de plus étonnant que de voir des personnes  disposants même du titre foncier jetés dans la rue.

En 2013, ce sont les habitants de N’Gueli qui sont réveillés en ce vendredi 21 juin par les vrombissements de Caterpillar et autres bulldozers. Complètement ahuris, les habitants de ce quartier du IXème arrondissement de N’Djamena ont vécu un vendredi noir. Quadrillés par des véhicules bourrés de gendarmes et de gardes nomades armées jusqu’aux dents appuyés par des citernes à eau chaudes dissuasives, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Cette opération que je peux qualifier d’un « ras du sol »  s’ajoute à tant d’autre qui ont mis dans la rue des familles entière. Sans délai, ni grand bruit, sinon de bouche à oreille les habitants ont été contraint de vider le lieu. La présence massive des forces de l’ordre a donné un coup d’accélérateur à l’opération. Les carrés du quartier qui s’étalent de la gauche de la mairie du 9ème arrondissement longeant le fleuve Chari jusqu’à l’entré du pont séparant le  Cameroun et le Tchad, ne ressemblent plus qu’à un tas d’immondices. Désolant, frustrant. A chaque coup de massue de ces gigantesques machines qui écroulent un mur, coulent également les larmes des pleurs des femmes et enfants impuissants à ce désastre.

C’est tout simplement inhumain. Comment je peux comprendre que des pauvres citoyens soient ainsi  jetés dans la rue en pleine saison de pluie et sans aucun remord ?

 


Les embouteillages dans le monde des blogeurs

Embouteillage à AbidjanCrédit photo
Embouteillage à Abidjan
Crédit photo: Studio7

D’Haïti passant par l’Egypte, le Cameroun, le Tchad, le Mali et la Côte d’ivoire, les embouteillages se ressemblent mais ne se vivent pas de la même manière. Comme une mosaïque, ce billet fait escale dans chaque pays.

 

« Ayiti se yon peyi blokis » (Haïti est un pays d’embouteillages), Jérôme Osman

« Ayiti se yon peyi blokis » (Haïti est un pays d’embouteillages), a craché Wanito dans son hit musical, titré « blokis » (embouteillage). Même si le fond de la chanson a été plutôt porté sur les monstrueux bouchons, observés presque chaque jour dans la capitale haïtienne, le jeune artiste en a profité pour dresser le portrait d’un pays, dont la quotidienneté est faite d’embouteillages. En effet, dans cette courte réflexion, je vous invite plutôt à embarquer avec moi dans les Banques commerciales, où des blokis, sont toujours observés.

Haïti, 8h du matin. Les comptoirs des Banques commerciales sont souvent débordés de clients. Ils sont venus très tôt faire une place pour éviter les embouteillages, toujours présents dans ces institutions après l’ouverture.

A Saint-Marc par exemple, qu’ils soient à la BNC, UNIBANK ou SOGEBANK, c’est toujours le même constat de tous les jours : des longues courbes qui font flipper les gens devant les comptoirs pour faire une quelconque transaction.

Faire un dépôt ou un retrait dans une Banque commerciale de la place se révèle souvent un casse-tête chinois. A moins qu’on soit VIP, personne handicapée ou femme enceinte ; ce qui peut (parfois) vous passer de ces interminables files, qui ne grouillent presque pas.

Moi personnellement, je me rappelle avoir patienté plus de deux heures dans une longue file à UNIBANK avant d’atteindre la caisse de service. Pire, quand j’y suis arrivé, le caissier m’a informé qu’il se posait un problème de système pour la transaction que j’ai souhaitée réaliser. Donc, imaginez le taux de ma colère et de ma déception.

A part la lenteur des employés, due probablement au système de travail, le client, debout dans la file doit aussi faire face au phénomène de « Moun pa » (partisannerie) ; une vieille pratique, présente dans presque toutes les institutions publiques et privées du pays.

Bien souvent, celui qui arrive le dernier sera reçu en premier. Ce, parce que l’un des agents de sécurité ou un quelconque employé de l’institution est son ami ou membre de sa famille. Suivez mon regard !

Calcinés d’impatience, certains clients ne mâchent pas souvent leurs mots pour qualifier d’incompétents, les employés qui, semble-t-il n’ont pas été formés à répondre à de telles exigences. Pendant que d’autres, moins vaillants préfèrent abandonner la file.

Depuis quelque temps, on remarque une légère amélioration, surtout avec l’arrivée du service de l’ATM (des petites caisses automatiques disponibles en pleine rue) dont disposent certaines Banques. C’est plus que pas mal, certes, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan d’efforts que doivent consentir les patrons, en vue d’améliorer les services de ces institutions.

 

Au Caire, les embouteillages sclérosent la ville, engorgent ses artères, et polluent son air, Pascaline

Je sais maintenant que je n’avais jamais vécue pleinement la notion d’embouteillage avant d’arriver au Caire. Elle prend tout son sens dans cette ville qui ne dort jamais, et qui ne laisse donc jamais de répit à ses conducteurs, qu’ils soient de taxi, d’autobus ou de voitures particulières. C’est peut-être le seul espace de la ville où tout le monde est logé à la même enseigne, qu’il soit riche, où moins riche, propriétaire d’une berline somptueuse ou simple passager d’un bus bondé. Les embouteillages du Caire sclérosent la ville, engorgent ses artères, et polluent son air. Les taxis jaunes, noirs ou blancs de la ville tentent de se frayer un chemin dans ce capharnaüm pour satisfaire leurs clients pressés. Ils pilent, redémarrent, doublent à droite, ou à gauche, font demi-tour, prennent des chemins détournés, mais rien a faire, une rue embouteillée aura toujours raison de ses détracteurs. Les seuls bénéficiaires de la situation, les piétons, jamais prioritaires, qui peuvent profiter de l’arrêt parfois total des véhicules sur la chaussée pour pouvoir enfin la traverser, sans risquer de se retrouver  emboutis par le capot d’une voiture, d’une moto chinoise voir même d’une charrette à cheval. On peut même dire sans exagérer, qu’il y a une vie dans les embouteillages. Les vendeurs de mouchoirs, de bouteilles d’eau et autres laveurs de vitres sont ici pour le prouver. Ils se fraient un chemin entre les voitures à l’arrêt pour proposer leurs produits aux conducteurs impatients, prêts à répondre à tous leurs besoins sans qu’ils aient à se déplacer. Les taxis aussi, deviennent des hauts lieux de socialisation, puisque pris dans un trafic qui n’en finis plus, clients et conducteurs peuvent donner libre court aux conversations les plus variées : de la politique à leur situation familiale en passant par le niveau 0 de leur compte en banque, comme en témoigne le livre « Taxi » de Khaled Al Khamissi, témoignage précieux d’une société égyptienne post-révolutionnaire. Et si les embouteillages au Caire reflétaient tout bonnement cette société égyptienne immobilisée par la corruption, les inégalités, le système scolaire à deux vitesses, les difficultés quotidiennes, encore en vigueur aujourd’hui, plus de deux ans après la révolution ?

 

Au pays de l’ivoire, saviez-vous que les Abidjanais perdent en moyenne 2 heures par jour dans les embouteillages, ce qui revient à 20 jours par an, Cyriac Gbogou

En Côte d’Ivoire et plus principalement à Abidjan, la circulation mérite une attention de plus en plus particulière.

Selon une information donnée par Monsieur Florent Youzan (Fondateur de la plateforme Afriworkers)saviez-vous que les abidjanais perdent en moyenne 2 heures/jour dans les embouteillages, ce qui revient à 20 jours/an? 

A cela, nous pouvons ajouter, ralentissement, route endommagée, feu non fonctionnel, travaux en cours sur les voies, accident de la circulation ou fluidité routière.

Mais malheureusement les usagers de la route se retrouvent bien souvent coincés dans des itinéraires qu’ils auraient pu éviter s’ils avaient simplement eu cette information.

Voila donc ce qui a motivé la création de la plateforme « CivRoute »,L’info routière participative  dans laquelle la population peut et doit s’impliquer pour une meilleure sensibilisation et régulation de la circulation routière. « CivRoute » est donc une action citoyenne.

 

Trois moyens pour alerter :

Via le site : En vous rendant sur le site https://www.civroute.net, cliquez sur « Donner une info routière ». Il faut ensuite remplir tous les champs du formulaire. N’oubliez pas de choisir une catégorie, d’indiquer vos coordonnées et de mentionner le lieu sur la carte. Vous avez la possibilité d’y ajouter une photo.

Via SMS : envoyez votre info routière par SMS au numéro suivant 55 39 24 24 ou au 49 95 33 95 en indiquant le lieu et l’information en question.

Via les réseaux Sociaux : envoyez un Tweet suivi de #CIvroute ou laissez un message sur la page facebook.com/civroute ou par mail à : info@civroute.net

Plus d’infos :  https://www.youtube.com/watch?v=-TdY6PbfVDk

https://www.france24.com/fr/20120917-tech-24-afrique-numerique-fibre-optique-telephone-portable-mobile-internet-cote-ivoire-embouteillages-crowdsourcing-sms

 

A Bamako, c’est un casse tête chinois. C’est coincé de partout, Michel Thera

« Casse tête » ; « Chacun pour soi, Dieu pour tous » ! Pour circuler dans la capitale malienne, mieux vaut se prémunir de ces maximes là. Car à Bamako, le scénario de la circulation ressemble à ça : Ecart, queue de poisson, dépassement sur la droite, défaut de panneaux de signalisation, le tout accompagné parfois d’injures grossiers entre usagers.

Cependant, cette ville est équipée d’infrastructures routières assez modernes et acceptables (même si cela reste insuffisant). En effet, il ya trois ponts qui relient les deux rivent du fleuve Niger sans oublier les quelques échangeurs dont le tout dernier est à usage multiple.

Malgré tous ces efforts dotant la ville d’infrastructures routières acceptables,  les routes goudronnées restent peu nombreuses. Ainsi, plus on se rapproche du centre-ville et du grand marché, plus la circulation se densifie avec son lot de bouchons. C’est aussi dans ces environs que les routes sont le plus détériorées.

A Bamako, plus que les embouteillages et l’état des routes, c’est le comportement des usagers qui choquent : par ici un nid d’oiseau, plus loin une bande d’écoliers traversant en courant, de l’autre coté deux SOTRAMA (muni-bus assurant le transport commun à Bamako) faisant la course aux passagers.

Dans cette cacophonie, le cheval de fer (la Moto, en occurrence Jakarta) semble vulnérable, mais semble tout aussi incontournable. Car elle (la moto) reste le moyen de locomotion qui permet d’aller d’un point de la ville à un autre rapidement sans être englué dans les bouchons.

Pour finir, retenez tout simplement qu’à Bamako le problème relève plus de l’insuffisance et de l’état de l’infrastructure routière ainsi qu’au comportement  des usagers qu’a l’importance du parc automobile.

 

Au Tchad… N’Djamena devient de plus en plus agaçant, Abdallah

N’Djamena, capitale du Tchad connaît ces derniers temps une croissance démographique importante ainsi que l’augmentation des moyens roulants. Circuler à N’Djamena devient de plus en plus agaçant. Il est 18h. C’est l’heure où dans les villages sahéliens à vocation pastorales, les éleveurs ramènent leurs bétails dans les enclos après les avoir fait paître toute la journée. Il est sensiblement la même heure à l’avenue Mobutu. Une pagaille monstre règne. Un troupeau de bœufs venant du fleuve Chari bloque la circulation. Pris en sandwich par les véhicules dans les deux sens, paniqués par les klaxons, les animaux font une parade entre les usagés créant un embouteillage sans fin. Il a raison le journaliste qui a qualifié la capitale tchadienne de « grand village sahélien ». Le centre ville, qui abrite pratiquement tous les ministères et les citées d’affaires, n’arrange en rien la situation. Pour y accéder, il n’y a que deux voies principales: l »avenue Mobutu et l’avenue Charles De Gaule. Le matin, une multitude de personnes semblables à un essaim d’abeille y convergent. Des piétons, des cyclistes, des motards et des chauffeurs sont au rendez-vous. L’embouteillage n’est pas en reste. Circuler aisément dans la capitale tchadienne n’est qu’une simple illusion. L’augmentation croissante des usagés de la route face à un nombre réduit de voies est à l’origine du phénomène.

 

A Douala, c’est le calvaire aller-retour, Josiane Kouagheu

Un soir, tout heureux de rentrer chez soi, on est stoppé net à l’Est de la pénétrante ville de Douala. Nous sommes à quelques mètres de l’aéroport international de la capitale économique du Cameroun, sur le principal axe Douala-Yaoundé. Une longue file de voitures nous fait face des deux côtés de la ville. L’horizon n’est pas visible. Des coups de klaxon résonnent de toute part. Des jurons se font entendre. Un policier, tente sans succès de discipliner les moto-taxis qui refusent de suivre le rang. Il transpire à grosses gouttes. Les hurlements d’une ambulance se noient dans le vacarme. L’attente est longue! Plus de Cinq heures dans les embouteillages au quartier Village à Douala. Matin et soir, rien ne change. La route suffisamment étroite, ne peut rien. Le retour de tout chef de famille du travail devient un instant de malheur. Ça fait des années que ça dure ! De l’argent perdu, du temps évaporé, des rendez-vous ratés. L’embouteillage n’est pas accepté, mais toléré. «On va faire comment ? », te répond un habitant, tout résigné.

 

Allez portez-vous bien !

 

 

Edité par Danielle Ibohn.

Cet article est également disponible sur les blogs:

https://lautrehaiti.mondoblog.org (Osman, Haïti)

 www.cyriacgbogou.ci (Cyriac, Cote d’Ivoire)

https://michouthe.mondoblog.org (Michel, Mali)

https://josianekouagheu.mondoblog.org (Josiane, Cameroun)

https://natila.mondoblog.org (Danielle, Cameroun)

https://entremedinaetbelleetoile.mondoblog.org/(Pascaline, Egypte)

 

 


Mali: les troupes tchadiennes doivent-elles regagner le bercail?

depart des militaires tchadiens en Hercule C130 by flickr
Départ des militaires tchadiens en Hercule C130 (CC/Flickr)

La question se pose ouvertement depuis quelques jours dans la capitale tchadienne. La force de l’ONU composée de 12600 casques bleus à déployer au Nord-Mali sera dirigée par un rwandais. Le général Jean Bosco Kazura a été choisi pour diriger la MUNISMA au grand dam du candidat tchadien Oumar Bikomo. Faut-il rappeler les soldats tchadiens engagés au Mali? Plusieurs voix s’élèvent pour appeler au retrait des militaires tchadiens engagés au Mali. La pilule a été très difficile à avaler pour les tchadiens qui ne comprennent pas cette décision onusienne. J’avoue que j’ai eu du mal à comprendre aussi. Je ne comprends pas cette tacle de l’ONU à mon pays malgré tous ses sacrifices.

Ils ont qualifié la candidature du général tchadien de légitime. Ceci pour la consolation du prix payé par mon pays pendant la guerre contre les djihadistes au nord du Mali. Et pour cause,  le pays a envoyé les plus nombreuses troupes au Mali (près de 2000 hommes) avec à leur tête, le général malheureux Oumar Bikmo. Mon pays a aussi payé le plus lourd tribut avec ses 38 morts et près de 100 blessés. Des arguments militaires donc pourtant favorables au Tchad. Mais pourquoi ce pays n’a pas obtenu ce poste qu’il a presque conditionné? Le général tchadien n’a peut être pas convaincu les fonctionnaires onusiens face à l’officier rwandais qui bénéficie d’une vraie expérience du maintient de la paix.

Mais au delà de tous ces arguments, qui ont à tort ou raison ont abouti à cette nomination; cette décision de l’ONU est avant tout une décision politique que je qualifie de partiale. C’est le puissant lobbying de ce petit État qui a porté ses fruits. Je me suis fondu d’un éclat de rire en apprenant que le Rwanda se dit prêt à en voyer ses soldats au Mali s’il le faut. Où était le Rwanda quand le Président malien criait au secours face à la menace islamiste? Où était-il quand les autres faisaient la guerre au prix de leurs sang? Une chose est à retenir, le lobbying rwandais et son allié les États-Unis auprès de la communauté internationale a été très puissant. Un lobbying que le Tchad n’a pas été à mesure de faire. Entre temps, les soldats tchadiens restent sous commandement rwandais pour achever le travail qu’ils ont si bien commencé.

 


Kechiche et la palme d’Ennahda

Abdellatif Kechiche avec ses actrices Léa Seydoux (à gauche) et Adèle Exarchopoulos lors de la remise de la Palme d’or 2013 au Festival de Cannes.
Abdellatif Kechiche avec ses actrices Léa Seydoux (à gauche) et Adèle Exarchopoulos lors de la remise de la Palme d’or 2013 au Festival de Cannes.

Il y a de cela quelques semaines, sur ce blog j’écrivais un article sur les films africains en compétition au Festival de Cannes. Ainsi, et c’était avec une attention particulière pour « Grisgris » du réalisateur tchadien Mahamat Saleh Haroun et dont je profite pour saluer le remarquable travail et l’indéfectible courage qui lui sont reconnus.

Cette fois-ci, et actualité m’oblige, je reviens sur « La vie d’Adèle » du franco-tunisien Abdelatif Kechiche puisqu’il a remporté la prestigieuse palme d’or. « La vie d’Adèle » retrace l’histoire lesbienne dans ce qu’elle a de plus intime. Un sujet brûlant, d’actualité et magnifiquement porté à l’écran. A en croire que l’amour entre deux femmes était à l’honneur de la 66ème édition du Festival de Cannes.

Puissant, magistral, énorme et choc émotionnel, le dernier film d’Abdelatif Kechiche a reçu un tonnerre d’applaudissement lors de sa présentation. Drame amoureux d’une rare intensité, c’est aussi un film politique qui pose les rapports des classes, les mœurs, la différence et le regard des autres à travers cette histoire. Mais à l’épreuve du réel s’ajoute aussi chez Kechiche l’universalité d’une histoire d’amour. Une histoire d’amour entre deux femmes, filmé par un  homme et de manière très explicite. Rarement on a filmé des scènes de sexe avec autant d’intensité et de réalisme, mais dont je ne peux ignorer sa portée politique. Le mérite de « La vie d’Adèle » ne tient pas du fait qu’il retrace les émois de deux femmes. Au contraire, il sort du lot car c’est un chant d’innocence, et d’expérience. Dans un monde parfait auquel on peut espérer qu’il nous rapproche. C’est ainsi qu’il aurait été perçu. Un long métrage quelque peu indigeste mais réalisé avec beaucoup de soin sur l’amour et les préoccupations à l’adolescence.

De tous ces éloges, ce film est loin de faire l’unanimité en Tunisie, pays d’origine du réalisateur. Au pays d’Ennahda, l’homosexualité reste un tabou marginal et presque inexistant. Spielberg a plongé les responsables d’Ennahda dans un embarra total. Le ministre tunisien de la Culture tout en félicitant du prix évoque un « film particulier qui peut susciter des réserves chez une partie des tunisiens ». En tout cas, tout laisse présager que ce film pourtant couronné serait accueilli avec froideur par bon nombre des cinéphiles et fervent défenseurs des sacro-saintes valeurs conservatrices Ennahdistes. Je me demande parfois si Kechiche ne s’est pas auto censuré par le thème traité dans son film. On se souvient tous de « Persepolis », le film franco-iranien qui représentait Dieu et les déchaînements qui s’en ont suivi dans une Tunisie nouvelle, celle des salafistes.

A l’heure où les avis divergent entre gène et fierté, la beauté du film fera-t-elle oublier aux supporters le sujet osé d’un amour lesbien ? Rien n’est moins sûr. C’est vrai, le film a très peu de chance d’être diffusé en Tunisie. Mais dans le cas d’une éventuelle sortie de « La vie d’Adèle » dans les salles tunisiennes pourrait-elle faire craindre un nouveau « Persepolis » ? Les jours à venir seront déterminants.


Retour triomphal des FATIM au Tchad

FATIM entrant à N'DjamenaImage: Bamada
FATIM entrant à N’Djamena
Image: Bamada

La journée du lundi 13 mai a été très exceptionnelle. Elle marque le retour d’une partie de nos soldats engagés au Mali. D’abord, cette journée a été décrétée fériée, chômée et payée sur toute l’étendue du territoire. L’autre exception, ce qu’elle m’a permis de bénéficier de deux belles journées sans délestage. Simple coïncidence ? Je vais plutôt dire un cadeau rare  de la tchadienne d’électricité.

Il est 8h du matin quand une  première colonne des militaires fait son entée dans la capitale. Sous les youyous  des femmes massées sur le long des avenues, les FATIM (forces armées tchadiennes en intervention au Mali) ont fait un retour triomphal à N’Djamena. Quelques 700 militaires viennent de regagner leurs familles après  quatre mois passés dans le Nord du Mali. Occasion pour le ministre de la défense de revenir sur la mort de deux chefs  terroristes tués dans les massifs des ifoghas : « nous avons tué une centaine de djihadistes dont deux de leur leadeurs Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeid » a-t-il déclaré.

Cependant restent encore loin de leurs familles un millier des soldats qui vont dans les jours à venir troquer leurs bérets pour des casques bleus. Ils vont intégrer  la force des nations unis  qui va se déployer au Mali prochainement. Plusieurs  chefs des FATIM ont été décorés à cette occasion. Parmi eux, le général Oumar Bikimo le chef des FATIM, et un certain Mahamat Idriss Déby Itno le commandant en second des troupes tchadiennes au Mali.